Les principales habiletés sociales que l'enfant doit acquérir dans le cadre de la socialisation
Le développement de l'empathie;
l'apprentissage de la générosité;
la prise de conscience des droits d'autrui;
la prise de conscience de la satisfaction qui découle de l'aide apportée aux autres;
la valorisation de la coopération et du compromis au détriment de la compétition;
la découverte des joies de l'amitié;
la sensibilisation à l'importance de faire valoir ses droits d'une façon verbale plutôt que par des actions belliqueuses.
L’AUTORITE
Un enfant agit par curiosité. Sa soif de connaître va l’amener à faire toutes sortes de bêtisescar ses pulsions se succèdent sans ordre.
« Il est interdit d’interdire » ce slogan de mai 68 a contribué à rendre l’éducation moins
répressive et plus ouverte mais il a également fait naître des désillusions. Ne pas poser
d’interdit n’est-ce pas livrer l’enfant à lui-même et nier notre rôle d’éducateur ?
Aider un
enfant à grandir, c’est pouvoir lui dire non, c’est ne pas céder à tous ses désirs. Un monde
sans limites, sans interdits, est comme un vaste gouffre dans lequel l’enfant peut se perdre.
Tous les interdits n’ont pas la même «valeur ».
Certains fondent l’humanité, ce sont les
interdits fondamentaux : les interdits de l’inceste, du meurtre et du cannibalisme, sans eux il
n’y aurait pas de vie sociale.
Ces interdits devront être formulés, bien sûr il est préférable de
laisser à l’enfant le temps d’exprimer ses désirs, mais il comprend très tôt, il ne faut donc pas
essayer de le leurrer. Il faut lui dire que c’est interdit non pas parce qu’il est trop petit mais
parce que c’est interdit pour tous, enfant et parents.
Dans le cas de l’inceste, dès que l’enfant manifestera le désir de se marier avec son papa (ou
sa maman), l’enfant devra s’entendre dire : « Tu ne peux pas épouser ton papa (ou ta
maman), ni maintenant, ni plus tard ».
Nous devons répondre aux besoins de l’enfant mais pas à tous ses désirs. Le désir naît de la
frustration et il fait vivre.
Il doit pouvoir être dit et être reconnu. Si nous anticipons tous les
désirs de l’enfant, il ne sera jamais frustré. Il n’aura pas le temps de désirer, de manquer, il ne
connaîtra pas ce petit temps pendant lequel tout enfant éprouve une petite insatisfaction. De
cette absence de manque, de frustration naîtra l’angoisse.
C’est le manque qui permet à
l’enfant de progresser et de devenir «un individu » (de ne plus être dans un état fusionnel de
totale présence).
« Non » c’est le heurt avec la réalité et un enfant est tout à fait capable de comprendre une
interdiction si on lui explique pourquoi son désir n’est pas satisfait.
C’est la parole qui donne
un sens à l’interdit. Le jeu désir/interdit, posé à bon escient, aide l’enfant à grandir et à se
structurer.
Il ne faut pas punir systématiquement un enfant qui brave les interdits autres que les interdits
fondamentaux, il faut tenir compte de son âge et de son développement. Il faut faire la part
des choses entre l’autonomie nécessaire qui permet à l’enfant de progresser et le danger qui
constitue une menace pour sa vie ou celle d’autrui.
L’enfant veut vivre ses propres expériences et quelle joie, quel enrichissement d’y arriver !
Cela lui permet de poursuivre, d’aller plus loin. Un enfant à qui on veut tout éviter sera
sûrement plus malheureux que si on lui laisse vivre des expériences qui vont, certes, le faire
souffrir mais qui seront source d’apprentissages pour lui.
A trop étouffer les désirs, trop brimer, trop interdire, on fait naître l’angoisse.
Les interdits devront donc évoluer au fur et à mesure que l’enfant grandira.
Notre rôle est d’aider un enfant à établir une hiérarchie dans ses désirs et lui permettre ainsi
d’évoluer.
Faut-il exercer son autorité :
-Quand un enfant dit «non » ?
- Quand il refuse de manger ?
- Quand c’est l’âge du «moi tout seul » ?
- Quand c’est l’âge ou il aime dire «non » avant de dire «oui » ?
Dire «non » c’est structurant, cela aide à grandir, à mettre des limites par rapport à l’autre. Si
l’enfant dit «non », c’est peut-être tout simplement parce qu’il veut le faire tout seul.
Exercer son autorité pour qu’un enfant soit propre alors qu’il n’est pas prêt peut causer de
graves dommages. Il faut attendre que la motricité fine soit achevée (qu’il arrive à sauter à
pieds joints, vers deux ans), l’enfant deviendra alors propre tout seul.
Exercer son autorité pour qu’il mange, alors que nous savons qu’un enfant qui va bien ne se
laisse pas mourir de faim. L’enfant mange selon ses propres besoins mais il refuse de se
laisser gaver.
L’éducation ne doit pas consister seulement à frustrer l’enfant, car alors elle devient
traumatisante et l’empêche d’éprouver le plaisir de «faire ». A part les interdits fondamentaux,
toute règle est relative ; un enfant qui négocie n’est pas nécessairement désobéissant.
Nous avons le devoir d’éduquer nos enfants, pas de les soumettre à nos lois et à nos désirs. Il
ne faut pas être trop autoritaire. L’enfant a besoin de rivaliser avec l’adulte, de s’affronter à
lui. Ainsi il affirme ses différences. Si nous acceptons cette rivalité, nous aidons l’enfant car
l’expression de cette rivalité permet à l’agressivité et aux mécanismes d’identifications de se
mettre en place.
Il faut des limites mais des principes trop rigides, c’est ridicule. Des punitions trop fréquentes
peuvent amener l’enfant à craindre ses parents au point de mentir, de commettre des actes
graves ou de se mettre en situation dangereuse.
Exiger d’un enfant qu’il obéisse à une consigne, comme s’il était un automate, peut être
dommageable pour lui, mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut rien lui demander ou céder à
tous ses désirs et ne jamais lui dire non, l’enfant est membre de la famille comme les autres.
Pour dire non à un enfant, il est nécessaire de savoir ce dire non à soi-même, quand on a envi
de le croquer, de le dévorer de baisers, de tout faire à sa place ; lacer ses chaussures, couper sa
viande, répondre pour lui. L’enfant ne doit pas vivre sa vie par procuration, étouffé par le désir
de l’adulte.
Une punition est une sanction à une faute. Elle marque de la part de l’adulte qui la donne,
qu’une limite a été franchie. Elle peut servir aussi parfois à calmer l’enfant lors d’une colère.
Le but n’est pas de mortifier l’enfant ni de l’humilier mais de l’aider à comprendre ce qu’il a
fait de mal et à le soulager de sa faute. Une punition qui a du sens aux yeux de l’enfant, qui a
une valeur pédagogique, doit être immédiate et ne pas l’humilier devant les autres. Les
punitions comme les interdits doivent donc être donnés avec sens et mesure, quand la
discussion ou l’explication n’aboutit pas.
La punition ne doit donc ni être violante ni être sadique, elle doit être «juste ». Quand la
punition est juste et pas trop sévère, l’enfant l’accepte et reconnaît l’avoir mérité. Elle le
soulage d’une tension trop vive et lui permet de ne pas se morfondre en se sentant coupable.
L’enfant peut alors «oublier » son acte. Il sera soulagé qu’on le punisse : il a fait une faute, il
est puni, on peut lui proposer une réparation et on n’en parlera plus. Mais à l’inverse ne pas
punir, ne jamais imposer de limites, peut mettre l’enfant en grande difficulté. Il ira de bêtiseen bêtise, précisément parce qu’il cherche un cadre et des limites. Il en a besoin, sans quoi il
sera désorienté.
Les punitions lorsqu’elles sont toujours des fessées ou des coups relèvent plutôt de la
maltraitance, et sont à proscrire. On évitera aussi d’accompagner la sanction de paroles
blessantes (Tu es idiot ! Tu es méchant ! ).
Pour se développer sainement, l’enfant a besoin, plutôt que de punition, d’une «discipline
continue » donnée par les parents qu’il peut aimer ou haïr. L’important pour lui est qu’il ait
confiance, qu’il puisse compter sur eux, tout en sachant qu’il peut se mesurer à eux, en les
défiant.
L’alternance punition/récompense pour obtenir de l’enfant qu’il obéisse est plus de l’ordre du
dressage que de l’éducation. On assiste parfois à des pratiques de dressage dit
«comportementaliste », du même type que celui qu’on utilise pour dresser un animal.
Certaines théories du comportement affirment en effet qu’on peut amener un individu à se
corriger par un système de punition/récompense.
De telles pratiques nuisent au
développement de l’enfant car elles le placent au rang d’un animal domestique, et risquent de
le maintenir dans un rapport d’assujettissement à un «maître ». Ces pratiques représentent un
grave danger pour l’enfant.
Conclusion :
« Etre parent, n’est pas facile ». Mais être enfant n’est pas simple non plus.
Pour comprendre les réactions de nos enfants, rappelons-nous nos souffrances, nos peurs, nos
besoins, nos désirs ; rappelons-nous quelles réponses nos parents nous ont apportés, ce qu’on
a pu nous dire ou nous taire et comment tout cela influe encore sur nous, après tant d’années.
Etre parents c’est aussi transmettre une histoire, celle de sa famille et pouvoir dire ce qu’on a
vécu de douloureux, pour que cela ne se perpétue pas.
Parler à l’enfant, être cohérent, n’est pas toujours aisé dans la vie de tous les jours. Mais si
nous prenons le temps de réfléchir aux paroles que nous lui avons dites, de réfléchir à la place
qu’il occupe pour nous dans notre famille, nous pouvons être amenés à modifier notre attitude
à son égard. Parce qu’il n’y a pas qu’une seule façon d’être, ni qu’un seul modèle, il n’y a pas
une bonne ou une mauvaise façon d’être parents.
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